Absurdement Votre

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Salut à tous,

Voilà une petite nouvelle absurde à découvrir.

Absurdement votre

 

Histoire 1
 

L’autochtone

C’est totalement absurde. Il est là, regardant le ciel au milieu d’un champ se trouvant en face de son habitation biscornue. Les traits du visage tirés, les yeux plissés affrontant une intense lumière blanchâtre. Il ne veut pas le croire. Il n’est pourtant pas du genre à se laisser bercer aussi facilement. Mais là, il n’a pas d’autre choix que de le concéder. Ils sont là.

Mais quel est l’objet de tout ce cirque ? Une espèce d’énorme pointe de flèche volante, à la matière jusqu’alors inconnue à ses yeux. Ça fait une semaine qu’elle est là, en vol stationnaire.

Il semble regarder cette chose sans but précis. Une semaine à rester ainsi, en position basse, replié sur lui-même. Une semaine que sa femme le regarde par la fenêtre sans comprendre. Une semaine qu’il n’a ni mangé, ni dormi, quoique cela soit habituel. Effectivement, leur petite civilisation vit sur une terre ayant très peu de ressource alimentaire à offrir. De plus, par-delà l’horizon, un océan sans fin règne en maître absolue sur ce monde fiévreux.

Plusieurs fois dans l’histoire de son espèce, il a été rapporté que des objets similaires venaient leur rendre visite. Mais ils repartaient aussitôt. Jamais il n’y eut de cas où ces pointes de flèches étaient restées aussi longtemps.

Il ne sait pas vraiment ce qu’il regarde mais en revanche, il sait parfaitement ce qu’il entend. Des voix… Elles lui disent qu’il n’a rien à craindre. Elles lui disent qu’elles sont là pour les sauver. Elles lui disent que ça fait très longtemps qu’elles les regardent de là-haut.

Il est maintenant persuadé d’avoir une mission à accomplir. La destinée de sa civilisation repose sur ce qui lui a été dit par ces voix. « Ils sont là pour nous, nos créateurs sont de retour »

Il se lève, joint ses mains l’une contre l’autre et s’incline humblement en signe d’allégeance. Il doit maintenant propagent la bonne parole parmi les siens.

« Enfin la fin de la faim », se dit-il.

Il doit convaincre ses congénères de se rassembler tous ensemble, pour ensuite, suivre leur nouveau guide céleste en destination d’une mystérieuse terre promise au-delà de l’océan sans fin.

Il commence donc par en parler à sa femme et ses enfants. Il enchaîne ensuite avec son voisinage et amis proches, qui à leur tour propage le saint message et ainsi de suite.

Après une bonne année, ils se rassemblent tous et commencent leur périple vers la terre promise.

La route est longue, très longue et après bien des péripéties, ils sont enfin au bord de l’océan. Coincé par un mur liquide. « Comment allons-nous pouvoir traverser cet enfer ? ». La question est posée et une réponse se fait aussitôt entendre par l’énorme pointe de flèche. Le mur se découpe en deux, créant par la même occasion une saignée gigantesque à travers l’océan.

Certain n’iront pas plus loin, tétanisés par la peur de l’inconnue, mais la majorité continue.

« Interminable », Voilà le mot que tous ont en tête.

Ils leur faudra environ dix ans avant de pouvoir enfin apercevoir la terre promise et ils se délectent déjà, à la vue de cette végétation qui semble au loin extraordinairement abondante.

Une fois arrivé, sa mission accomplie, leur guide céleste s’en va après avoir refermé l’océan et disparaissant dans les cieux.

« Cette terre est une bénédiction ! » voilà leurs premiers mots. Mais très vite ils déchantent car petit à petit, chacun leur tour, ils meurent de façon mystérieuse.

Eh oui ! Cette végétation, aussi délectable qu’elle puise paraître, est en fait empoisonné. Aucun des autochtones ne survient… sauf peut être ceux qui sont restés de l’autre côté de l’océan sans fin, va savoir.


 

La voyageuse

« Absurde », Voilà le premier mot qui lui vient en tête. Elle en a pourtant vu bien d’autres. Mais là il faut avouer que la bestiole qui lui fait front a tout bonnement un aspect absurde.

Un corps frêle et tranchant avec une tête comportant trois yeux. Deux sont positionnés latéralement, ils lui ont fait penser en premier lieu à des oreilles. Le dernier œil est placé frontalement au milieu du visage. Pour le reste c’est vraiment pas évident à décrire. Chose qui est sûre, c’est un tripode avec deux paires de bras en forme de tentacules et des mains à trois doigts aux extrémités. C’est la première fois qu’elle voit une espèce de ce genre. Il mesure environ quatre mètres. Sa peau est sèche et rocailleuse, mais humide par endroits. Au vu des premières constatations, il semble qu’ils soient proches des humains socialement parlant. Leur habitation troglodyte est difficilement visible depuis le ciel. De plus, les reflets violacés de l’enveloppe atmosphérique ont tendance à altérer les couleurs réelles de l’environnement, ce qui rend la visibilité extrêmement difficile.

Elle note les moindres détails les concernant sur son PadBlock. Ce n’est pas la première fois qu’elle rend visite à cette planète. Mais là c’est différent. Elle a enfin découvert une forme de vie qui semble être animée d’une sorte de conscience et d’intelligence.

En bas de son vaisseau elle voit la bestiole la regarder curieusement. Pliée sur elle-même, ça fait environ une semaine qu’elle est là, à la regarder. Elle ne saurait dire s’il y s’agit d’un individu mâle ou femelle. Qu’importe pour le moment.

À ses yeux d’exploratrice, cette planète est vraiment singulière. Sur ce continent, existe des êtres qui semble être doté d’intelligence et d’une vie sociale complexe, cependant cette terre manque cruellement de ressource alimentaire végétale pour subvenir à leur existence sur le long terme. L’autre continent, situé à peu près à dix mille kilomètres, est bien plus grand et les ressources nutritives sons en extrêmement abondantes. Cependant aucune vie intelligente semble exister.

Envahie d’émotion, elle se sent maintenant investie d’une mission.

« J’ai le devoir moral de les faire traverser cet océan de mercure pour rejoindre l’autre continent. ».

Ayant une infime probabilité que l’alien utilise des cordes vocales et l’ouïe pour communiquer, elle décide donc d’envoyé un message psychique avec son émetteur multi-fréquentiel.

Après quelques jours, il semble que la bestiole ait reçue et compris le message.

Suite à une bonne année d’attente, elle voit les tripodes se rassembler en masse dans le champ. Une fois son messager revenu, elle les guide jusqu’aux portes de l’océan de mercure, encore incertaine de la méthode à employer pour le traverser.

Devant le mur au liquide argenté, elle active ses statoréacteurs pour évaporer le mercure en dessous de son vaisseau. En même temps elle bombarde avec des canons latéraux de l’azote tout autour d’elle sur un rayon d’au moins vingt kilomètres, histoire de solidifier le mercure et ainsi créer une énorme brèche dans l’océan.

Pendant dix ans elle guide les autochtones à travers cette brèche artificielle. Une fois arrivée, fort heureuse du geste qu’elle venait d’accomplir, elle les quitte pour retourner chez elle raconter son exploit.

J’appris par la suite qu’elle tirera un best-seller de cette histoire.


 

Épilogue

Comment cette pauvre voyageuse pouvait-elle savoir que les autochtones de cette planète, avaient dans un passé extrêmement éloigné déjà fui ce continent à la végétation empoisonnée. L’ayant à tout jamais bannie de leurs pensées, au fil de siècles immémoriaux, ils en avaient complètement oublié l’existence de cette terre maudite.


 

Histoire 2

Lui

« Ouf ! j’ai réussi à les semer. »

Essoufflé mais soulagé, il reprend la route en direction d’un refuge bien planqué à l’ouest du pays. Cependant une longue et dangereuse marche l’attend. Beaucoup ont péri ou disparu dans le passé. Dans tous les cas il ne peut pas revenir en arrière, il n’a pas d’autre choix que de traverser le redoutable désert d’Ébène. Il a déjà entendu des voyageurs qui disaient avoir survécu à des tempêtes éclairs. Ce type de tempête est foudroyante. D’abord vous entendez un son assourdissant, suivi d’un vent d’une force et violence inouïe. Ceux qui ont le malheur d’être au milieu du passage de la tempête sont littéralement écrabouillés au sol en une fraction de seconde. Rares sont ceux qui ont réussi à y survivre et encore plus rare, ceux pouvant raconter ce genre d’anecdote.

« Allez mon gros ! une petite demi-journée de marche et ont est arrivés », se dit-il pour se donner du courage.

Il marche de longues heures sous un soleil de plomb et sur un sol bouillonnant. Soudain, il se sent porté. Il essaye de se débattre, mais de grosses pinces l’empêchent de faire le moindre mouvement. Après quelques charivaris lui ayant donné une bonne gerbe. Il sent de nouveau le contact du sol sous ses pieds.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? ».

Après quelques secondes de flou artistique, il reconnaît l’endroit.

« Non ! C’est pas possible ! »

Des cris retentissent non loin de là. Il sait très bien à quoi correspondent ces hurlements. Ils sont là, et ils l’encerclent progressivement. Le pauvre n’ose même l’imaginer. Il avait pourtant réussi à leur échapper un peu plus tôt dans la journée.

Un, deux puis trois. Ils se jettent sur lui en le harcelant à grand coup sur la tête. Il ne tiendra pas comme ça longtemps et après quelques minutes de lutte harassante, il s’effondre, épuisé.

Moi

Il fait beau. Je suis dehors avec mon fils en train de jouer à la pelote Dunoise. Je sers tranquillement la balle et mon fils me la retourne copieusement de la gauche. L’échange dure quelques bonnes minutes. Soudain, voulant faire un revers de la main droite, je tape la balle maladroitement et je réussis tant bien que mal à toucher le mur, mais la balle rebondit sur le trottoir et me fait perdre le point. Mauvais joueur que je suis, c’est tout naturellement que je laisse mon fils récupérer la balle qui avait roulé le long du caniveau sur une bonne dizaine de mètres.

Je me replace en attendant son retour au jeu.

Là, sur ma droite au milieu de la route perpendiculaire à celle ou nous nous trouvions, je vois un magnifique scarabée rayonner au soleil. Je m’approche de lui et je fais signe à mon fils de me rejoindre. Une fois à mes côtés, je lui dis que ça serait dommage que ce scarabée se fasse écraser par une voiture. Avec empathie, j’attrape l’insecte délicatement avec mon pouce et mon index pour le déposer de l’autre côté de la route, dans un petit espace verdoyant. Heureux de notre bonne action, on reprend le jeu avec plus d’entrain et après une petite heure à courir à droite et à gauche on décide d’aller boire un coup.

Dans la cuisine, la plus grande de mes filles nous rejoint et sachant qu’elle adore les insectes, j’en profite pour lui parler du magnifique scarabée rencontré un peu plus tôt. On sort dehors et je lui montre où je l’ai déposé avec le doigt. On s’approche, et là, avec stupeur, je constate que le pauvre scarabée est mort, littéralement percé de part en part. Autour de lui des centaines fourmis grouillent, laissant penser qu’elles ne sont pas étrangères à ce carnage.

Épilogue

Voilà une bonne leçon d’apprise. Qui suis-je pour choisir le chemin d’un être aussi petit qu’un scarabée ? Vis-je avec lui ? Plus simple encore, comment se prénomme-t-il ? Je n’en sais rien. Je sais même pas ce qu’il faisait une heure avant de se retrouver sur cette route. Aussi empathique et raisonné que fût mon geste, il est clair qu’aux yeux de ce pauvre scarabée, je ne suis rien d’autre qu’un sheitan.

Quand je croiserai un insecte au milieu d’une route ou dans une autre situation que l’on pourrait considérer comme dangereuse, au lieu de me dire « Oh mesquine ! Il risque de se faire écraser », je me dirai plutôt « Bien joué, mon gros ! »


 

Finalité

Si l’erreur peut être une leçon, n’oubliez pas que la raison peut être une terreur.

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